LE RECYCLAGE EST-IL SOUHAITABLE AUSSI DANS LES LIVRES ?

Parmi ceux d’entre vous qui ont eu l’occasion d’envoyer un manuscrit à un éditeur je parie que plus d’un a reçu un message de refus poli avec comme argument « votre texte manque d’originalité ».

 Je voudrais vous parler d’une BD culte que je relis régulièrement avec beaucoup de plaisir vue sous l’angle de l’originalité.

Le récit commence avec la découverte d’un homme sur une plage. Il a perdu la mémoire et ne possède comme marque distinctive qu’un tatouage. Cela ne vous rappelle rien ?

Gagné : la mémoire dans la peau de Robert Ludlum publié en 1980.

 Poursuivons, une bonne partie de l’intrigue repose sur l’enquête qui est menée à propos de l’assassinat d’un jeune président des Etats-Unis. Ce dernier a été officiellement tué par un tireur solitaire, mais beaucoup de doutes subsistent sur ce point et certains sont persuadés de l’existence d’un complot. Cela ne vous rappelle rien ?

Gagné : l’assassinat de J. F. Kennedy le 22 novembre 1963 à Dallas.

 A un stade du récit le héros dont le nom n’est pas clairement établi croit trouver les traces de son père, journaliste engagé ce dernier a du s’exiler dans un trou perdu pour avoir défendu un couple condamné à mort pour espionnage atomique au bénéfice de l’URSS. Cela ne vous rappelle rien ?

Gagné : l’affaire Rosenberg qui enflamma une partie de l’opinion de gauche mondiale au plus glacé de la guerre froide. L’auteur ne s’en cache pas, dans la BD le couple se nomme Mountrose, traduction en anglais de Rosenberg.

 Je pourrais en rajouter du trésor dans la montagne mexicaine à l’action de l’IRA, mais restons en là je ne voudrais pas gâcher le plaisir de la découverte pour ceux d’entre vous qui n’auraient pas encore lu les BD de cette série. Ce que je vous encourage vivement à faire si vous aimez les thrillers qui foncent à toute vitesse rebondissant de coup de théâtre en coup de théâtre. Parce que cette série est passionnante même (et peut être parce que) si elle s’appuie sur des événements où des intrigues qui n’ont rien d’original. Au fond ce n’est pas l’originalité du récit qui prime mais le talent de l’auteur à utiliser des éléments déjà connus tout en étant capable d’étonner le lecteur. A notre époque où recycler devient une vertu qu’espérer de mieux ?