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Francisco Lozano auteur de polars
22 février 2019

Gabrielle extraits

GABRIELLE EXTRAIT 1

Tirant sa lourde valise, sur des roulettes qui commençaient à fatiguer, Gabrielle franchit les portes automatiques au-delà desquelles aucun retour n’est possible. Elle, fan de Marilyn, les avait baptisées “The gates of no return”. Aucun contrôle douanier, espace Schengen oblige, ne faisant perdre de temps aux voyageurs, elle put se diriger d’un bon pas vers le VAL pour regagner la capitale. Comme d’habitude, Santiago n’avait pas pu se libérer pour venir la chercher à Orly et elle devrait prendre les transports en commun.

Un peu à l’écart des personnes attendant la famille ou des amis, deux hommes scrutaient alternativement une photo et les voyageurs qui défilaient devant eux. On leur avait montré également quelques extraits de films pour les aider à reconnaître celle qu’ils attendaient. Ils avaient le type qu’il est convenu d’appeler méditerranéen, en fait ils auraient pu être Andalous, Siciliens, Corses, Crétois où provenir de Tunis, Rabat ou Alger.

Gabrielle slaloma entre les petits groupes qui s’embrassaient et les professionnels qui, pancarte à la main, attendaient un M. Dupont ou une Miss Smith pour les conduire dans une entreprise ou un hôtel.

Les deux hommes bougèrent en même temps, comme dans un ballet bien arrangé. Ils s’approchèrent rapidement de la femme qui traînait sa valise. Celui qui paraissait le plus âgé portait un imperméable au bras droit.

Une fois à la hauteur de Gabrielle il appuya son bras contre le dos de celle-ci. Elle allait se retourner pour protester et comprendre la raison de la bousculade, mais elle s’effondra sur le sol au milieu de son mouvement.

Les deux hommes ne lui prêtèrent aucune attention et s’éloignèrent d’un pas rapide en direction du parking.

Une employée de l’aéroport se précipita vers la femme qui venait d’avoir un malaise.

— Madame ? Je peux vous aider ?

Un homme d’une cinquantaine d’années la rejoignit rapidement.

— Je suis médecin. Que se passe-t-il ?

— J’ai vu cette dame tomber après avoir été bousculée par deux hommes.

Le médecin comprit rapidement, une tache de sang s’élargissait sur le dos de la malheureuse.

— Appelez vite le SAMU et la police, cette femme est grièvement blessée. 

GABRIELLE EXTRAIT 2

 

Elle retrouva la carte à côté du téléphone, dans la boîte où elle entassait les papiers dont elle ne savait quoi faire tout en ne se résignant pas à les jeter. Le petit rectangle de bristol s’ornait d’une Marianne sur fond de drapeau tricolore. Il portait également le logo du ministère de l’intérieur. Le numéro de téléphone imprimé avait été soigneusement recouvert d’encre noire et remplacé par de chiffres tracés au stylo bleu. Elle se souvint que le policier lui avait expliqué que, à la suite d’une réorganisation de son service, les numéros de téléphone avaient changé sans que l’administration, économe de ses crédits en baisse constante, ne remplace les cartes de visite déjà imprimées.

Son correspondant décrocha à la quatrième sonnerie.

— Charles Dubreuil, je vous écoute.

— Bonjour Monsieur Dubreuil, c’est Madeleine Clause à l’appareil, la maman de Gabrielle Blanco, vous vous souvenez de moi ?

— Bonjour Madame, bien sûr je me souviens parfaitement de la petite visite que je vous ai faite.

— Vous m’aviez demandé de vous prévenir si quelqu’un s’intéressait au courrier de ma fille.

— Oui, tout à fait.

L’interlocuteur parut d’un seul coup plus attentif au bout du fil.

— C’est mon gendre.

— Votre gendre ?

— Oui, mon gendre vient de sortir de chez moi. Il voulait voir le courrier que ma fille m’avait envoyé.

— Que lui avez-vous dit ?

— Que je vous avais donné la clé, je ne sais plus comment cela s’appelle, qu’il contenait. J’ai bien fait ?

— Pas de souci, vous a-t-il demandé mon nom ?

— Oui, mais je ne lui ai pas donné, je voulais vous prévenir d’abord.

— Vous avez très bien fait chère Madame.

Il savait la vieille femme sensible aux marques d’attention. Il ajouta :

—- Je m’occupe de tout, surtout si votre gendre revient vous voir pas un mot de notre conversation. Je peux compter sur vous ?

— Bien entendu, je suis heureuse d’aider la police chaque fois que je peux. Il y a tellement de délinquance, vous faites un métier difficile.

— Merci beaucoup, à bientôt. Je vous tiendrai au courant, sans faute. 

GABRIELLE EXTRAIT 3

 

Un couple de touristes étrangers essayait de déchiffrer un plan de Paris, ils discutaient fort en faisant de grands gestes. De toute évidence ils n’étaient pas d’accord sur la direction à prendre. Osvaldo Hidalgo les regarda d’un air amusé, il était clair qu’il comprenait ce qu’ils disaient. Le couple s’en aperçut et ils le prirent à témoin.

 

— Habla usted español ? 

 

Ils n’attendirent pas sa réponse, chacun le prit par un bras et ils entreprirent de lui expliquer dans la langue de Cervantès leur désaccord en lui demandant de les départager, ils cherchaient le chemin le plus court pour se rendre au musée du Louvre. L’ingénieur essaya de leur expliquer dans leur langue qu’il ne connaissait pas Paris, étant aussi étranger qu’eux.

 

Le feu passa au rouge, le costaverdien essaya de se dégager, mais les touristes ne l’entendaient pas de cette oreille et s’accrochaient à ses bras avec insistance. Un van Mercedes noir aux vitres teintées s’arrêta le long du trottoir. La porte arrière s’ouvrit côté trottoir, les “touristes” poussèrent Hidalgo vers le véhicule, des mains surgies de l’intérieur du van le tirèrent simultanément. L’ingénieur poussa des cris et se débattit lâchant sa sacoche, mais en vain. L’automobile démarra en trombe avant même que la portière ne se referme totalement.

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